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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

Comme c'est une nouvelle version du blog, je vous retranscris ici certains articles publiés sur l'ancienne version. Celui, ci-après, a été publié le 07 mars 2012. Bonne lecture!

La Grande Ile entame au premier trimestre de cette année 2012 sa troisième année dans une gouvernance de transition. Beaucoup d'événements ont marqué cette période; d'abord, elle a suscité de l'espoir après 07 années de despotisme et de népotisme exercées par Marc Ravalomanana, puis, de l'inquiétude au vu d'une gouvernance maladroite et "gloutonne" des dirigeants actuels et, enfin, de la déception sur l'évolution d'une crise politique sans issue avec une perspective incertaine. Entretemps, des millions de Malgaches sombrent dans la misère et l'insécurité et le pays est à l'agonie sur le plan économique. Entre une opposition sans grande ressource de mobilisation symbolisée par un "Marc Ravalomanana" plus préoccupé par son égo que l'intérêt supérieur de la Nation, et, un pouvoir tiraillé par la conquête d'une reconnaissance internationale et l'obsession de vouloir confisquer les acquis de la transition, l'avenir du pays semble en effet flou.

Il y a 3 ans, jour pour jour, des éléments militaires du Corps des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat) de l'armée malgache sonnaient le glas de la chute du régime de Marc Ravalomanana. Ce coup de pouce des hommes en treillis au mouvement populaire mené par Andry Rajoelina, qui visait à renverser Ravalomanana, marque symboliquement le début du pouvoir de transition à Madagascar. S'ensuit ensuite une série d'événements à partir desquels le président déchu a remis le pouvoir à l'Armée qui, à son tour, l'a transmis aux civils, en l'occurrence à Andry Rajoelina. A partir de là, la grande majorité des Malgaches ont aspiré à de lendemains meilleurs, surtout après avoir vécu 07 années d'oppression et de grande rigueur économique avec Marc Ravalomanana, qui, au passage, est parti en exil en Afrique du Sud juste après sa déchéance. Plus de 1000 jours après, force de constater que le quotidien des Malgaches ne s'est pas pour autant amélioré, pire, il s'est même de plus en plus dégradé et le pays s'est enlisé dans une crise politique sans précédent.

Coup d'Etat

Sur le fait, le pouvoir de transition, à l'image de son chef, Andry Rajoelina affichait au départ une réelle volonté de conduire le pays dans la bonne direction. Mais, le choix pour s'y rendre n'était peut-être pas approprié. En effet, les partisans de Marc Ravalomanana, avec l'aide de certaines chancelleries étrangères qui lui ont encore témoigné reconnaissance, avait habilement réussi à imposer sur la scène internationale une version selon laquelle la prise de pouvoir par Andry Rajoelina relève d'un coup d'Etat. Coup d'Etat, c'était la note qui sonnait faux à la partition de la HAT (Haute Autorité de la Transition, appellation donnée au pouvoir de transition). Aux yeux de la communauté internationale appuyée par un lobbying mené par le président déchu, un coup d'Etat, en Afrique de surcroît et au 21e siècle, ne peut être toléré. Et pour se débarrasser de cette image qui va lui coller à la peau, la HAT accepte de réunir les principales entités politiques en vue de négociations de sortie de crise. Une démarche qu'elle a jugée judicieuse pour rassembler, d'une part, mais aussi et surtout, pour s'approprier la reconnaissance internationale, d'autre part. Mais c'était sans compter sur 2 paramètres importants. D'abord, la HAT n'a pas réussi à rallier dans son camp les 2 grands ténors de la politique malgache à savoir Didier Ratsiraka et Zafy Albert, qui ont été pourtant des opposants farouches au régime Ravalomanana quand celui-ci était aux commandes du pays. Ceux-ci se sont même rapprochés de Marc Ravalomanana en menant avec lui un front d'opposition au régime actuel. Ensuite, les capacités d'influence de Marc Ravalomanana, de par ses moyens financiers, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, constituent une grande force de déstabilisation pour le régime de transition.

Didier Ratsiraka a soufflé l'idée

En clair, la HAT n'a pas su se montrer ferme au moment de la prise de pouvoir en ayant dû mener le pays vers des élections libres et transparentes, sans la participation de Andry Rajoelina pour donner un peu plus de crédibilité aux consultations populaires, surtout aux yeux de la communauté internationale. En ayant choisi la voie des négociations, elle a ouvert une brèche au sein de laquelle s'est engouffré Marc Ravalomanana, encore tétanisé par sa chute: l'opportunité l'a revigoré. La situation a fait émerger également une attitude véreuse de beaucoup de politiciens en fin de carrière ou en déclin voyant en la transition une merveilleuse occasion de se mettre en lumière ou de s'enrichir. Le résultat est là et il est cruel: la crise perdure, la transition persiste, et au loin, les Malgaches coulent de plus en plus dans le gouffre de l'indigence. Les négociations se sont donc succédé et on connait la suite. La signature de la dernière feuille de route de sortie de crise a redonné une lueur d'espoir mais elle est infime. Actuellement, toutes les parties y compris la communauté internationale tentent, tant bien que mal, de sauver les apparences pour s'acheminer vers les élections mais ça reste de la "poudre de perlimpinpin". La crise malgache reflète en effet une évidente réalité: les politiciens malgaches sont dépourvus de patriotisme. La classe politique, toutes tendances confondues, n'a vraiment songé à l'intérêt supérieur de la Nation, mots qu'ils sont prompts pourtant à sortir de la bouche. Il est dommage que ça soit Didier Ratsiraka qui ait soufflé l'idée à la place de la nouvelle génération de politiciens, mais une réconciliation malgacho-malgache en mettant tout à plat de 2001 à aujourd'hui et en mettant de côté tout ego et toute ambition semble être une solution durable aux crises chroniques que traverse le pays tous les 10 ans. En attendant, la population est confrontée à l'insécurité, à des hausses inévitables des prix des carburants, à la hausse des tarifs de l'électricité, au chômage, aux cataclysmes naturels et à des tas d'autres soucis quotidiens. A l'opposé, les dirigeants se pavanent dans une vie dorée en s'attribuant des émoluments indécents; pas étonnant que cette transition prenne de plus en plus les contours d'un mandat électif.

EDDY RABE

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