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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

Les bruits de bottes et les crépitements des balles se sont encore fait entendre à Antananarivo dimanche dernier. C'était la troisième mutinerie aux fausses allures de coup d'Etat au sein d'un camp militaire en 3 ans de transition. C'était le signe de trop. Signe que la cohésion au sein des Forces armées malgaches n'est pas si hermétique que ça et serait même perméable aux actes de déstabilisation commandités de l'intérieur et de l'extérieur du pays. Signe surtout des tensions socio-politiques qui prévalent dans le pays face à cette longue et interminable transition. Et enfin, signe de l'insécurité grandissante que subissent les Malgaches, depuis un certain temps, témoignant du désaveu de l'autorité d'un Etat transitoire en bout de souffle. Bref, du fait de la crise politique et de cette interminable transition, la paix sociale bat de l'aile à Madagascar.

3 morts (dont le caporal, meneur de la mutinerie; un capitaine de l'Armée, abattu de sang-froid lors des négociations avec les mutins et un simple soldat), c'est le bilan malheureux de la confrontation armée entre l'armée loyaliste et la centaine de militaires mutins qui avaient pris le commandement du camp du 1er Régiment des Forces d'Intervention (RFI) à Ivato Antananarivo dimanche dernier. Au-delà du constat que c'est la troisième mutinerie militaire en 3 ans de transition, ce vrai-faux coup d'Etat témoigne des grandes tensions socio-politiques générées par la crise et sujettes aux actes de déstabilisation de tous genres. Car, c'est de cela ce dont il s'agit réellement. Il serait, en effet, illusoire de penser qu'un coup d'Etat pouvait être mené par un caporal de l'Armée, sans porter offense au grade, et surtout, avec le mode opératoire entrepris dimanche dernier. Sans la proximité de l'événement avec la rencontre de Andry Rajoelina et de Marc Ravalomanana prévue depuis hier et aujourd'hui aux Seychelles, on aurait assimilé cette mutinerie à de simples revendications des militaires mutins qui en ont "ras-le-béret" de leurs conditions. D'autant que les sous-officiers de l'Armée malgache ont déjà manifesté leur mécontentement sur leurs traitements mais cette fois-ci sans les armes, et par le biais de leur organisation corporative. Quoi qu'il en soit, l'Etat-major a déclaré avoir mené une enquête et on verra bien les résultats.

Pouvoir doré

Mais les actes de déstabilisation existent bel et bien. Les foyers de grève touchent tous les principaux corps de la Fonction Publique malgache: la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur, quelques secteurs de l'Administration sans compter les petites revendications spontanées par-ci, par-là. En tout, des tensions qui pourraient faire vaciller un pouvoir car sources de paralysie d'un pays. A titre d'exemple, l'examen du CEPE (diplôme de fin d'études primaires) n'a pas encore eu lieu et Dieu sait s'il aura lieu or, c'est le premier examen officiel de l'année dans l'enseignement malgache; l'année universitaire 2010-2011 vient tout juste de se terminer que le syndicat des enseignants-chercheurs menacent déjà d'année blanche l'année universitaire 2011-2012, si dans un pays normal on débutera l'année universitaire 2012-2013 dans le courant d'octobre. Sans parler de la main invisible et de la générosité de l'opposition qui encouragent ces grèves, il faut reconnaître que l'environnement politique en est propice. La crise perdure et la Transition est trop longue. Cette situation met en exsangue la population malgache déjà mal en point bien avant la crise. Aussi, les différents syndicats saisissent cette opportunité, constatant le manque de volonté de beaucoup de dirigeants à se séparer de la transition. A trop vouloir s'accrocher à leur pouvoir doré, ils subissent les revendications de tous genres au nom de la continuité de l'Etat. Nul pourtant n'ignore qu'un pouvoir transitoire n'a pas vocation à répondre à des revendications d'ordre structurel vu son caractère éphémère. Peut-on dire ainsi pour cette Transition revêtant un mandat électif et avec une appétence du pouvoir sans limites de ses dirigeants? Et ça, les syndicats l'ont bien compris.

Remenabila défie le pouvoir

Pendant ce temps-là, c'est le petit peuple qui trinque. Et si l'on rajoute le problème grandissant de l'insécurité, rien n'est fait pour apaiser les tensions sociales. Que ce soit dans les grandes agglomérations ou dans les zones rurales, la population souffre de la menace permanente de l'insécurité. Le feuilleton "Remenabila", ce bandit de grand chemin, voleur de zébus qui terrorise actuellement le sud-sud-est de Madagascar, illustre très bien cet environnement avec les divers cambriolages à armes lourdes dans les grandes villes. Remenabila compte à son actif l'assassinat d'une dizaine d'éléments des forces de l'ordre partis à sa recherche au mois de juin dernier et de vols de plusieurs centaines de zébus sans compter la terreur qu'ils sèment, lui et sa centaine d'hommes, à leur passage dans les bourgades attaquées créant ainsi une migration de la population locale. Devenu ennemi public numéro 1, Remenabila est vite devenu la préoccupation du pouvoir et du gouvernement; et la célébration de la Fête Nationale le 26 juin dernier sur fond de cette affaire n'a pas du tout joué en faveur de la Transition. Mais sa traque est difficile car la région dans laquelle il se réfugie est vaste avec des reliefs accidentés, surnommés à juste titre l'Afghanistan malgache, et les moyens mis en oeuvre dans l'entreprise sont limités face à des centaines de bandits lourdement armés. Et à en croire certaines indiscrétions, ce bandit bénéficie de soutien en haut lieu pour, non seulement, armer ses hommes, mais aussi, l'exportation des zébus volés. L'on se pose alors la question, pourquoi concentrer autant de militaires dans les casernes des grandes villes et ne pas les envoyer dans les zones rouges et à risque pour protéger la population rurale et les richesses nationales? Parce qu'il n'y a tout simplement pas de politique de sécurité bien définie, transition oblige. Tout est improvisé, et à ce rythme, les résultats ne peuvent être que vains. Les Forces armées malgaches, qui ont fêté leur 52ème anniversaire ce même 26 juin, ont bien paradé dans le Stade de Mahamasina. Et au vu du spectacle, des questions peuvent légitimement être posées sur le vrai rôle des Forces armées dans la vie de la Nation. Pendant ce temps, pas plus tard qu'en début de semaine, Remenabila continue ses méfaits tout en narguant et défiant le pouvoir. Et quasiment au même moment, les commandos malgaches se tirent dessus à 2000 Km de là, au 1er RFI d'Ivato. Il est vraiment temps que la Transition se termine et que la crise cesse. Il est temps de retrouver un Etat, un vrai.

EDDY RABE

Des éléments des forces de l'ordre malgaches

Des éléments des forces de l'ordre malgaches

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tu as bien décrit la situation <br /> CHEBAN vonvon
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