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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana, chef du gouvernement, a présenté officiellement ce 15 avril son équipe forte de 32 membres. Il est le 3ème Premier ministre sous l'ère Rajaonarimampianina en moins de 3 ans de son quinquennat.

Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana, chef du gouvernement, a présenté officiellement ce 15 avril son équipe forte de 32 membres. Il est le 3ème Premier ministre sous l'ère Rajaonarimampianina en moins de 3 ans de son quinquennat.

Quarante-huit heures après la passation du pouvoir entre le nouveau et l'ancien Premier ministre, le gouvernement Mahafaly a été formé et les noms des membres du nouveau gouvernement ont été divulgués. Si, sans surprise, les ministres proches du président de la République ont été reconduits, un grand lessivage s'est produit au sein du HVM (parti présidentiel) dans la formation de ce nouveau gouvernement. Ainsi, le président du HVM, Rivo Rakotovao, a été écarté de son super-ministère, celui de l'Aménagement du Territoire et des Projets présidentiels; il occupe désormais le très discret Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage. Le très contesté ancien ministre des transports, Ulrich Andriantiana et non moins trésorier du HVM a, lui, été débarqué. Il paie dans ce remue-ménage gouvernemental sa désinvolture sur l'application controversée de l'ACD (Advanced Cargo Declaration) que le gouvernement a fini par abandonner suite aux pressions des opérateurs économiques et de certaines chancelleries étrangères. Dans l'ensemble, l'on peut dire que les deux chefs de l'Exécutif ont tenté un semblant d'ouverture en intégrant des députés comme Toto Raharimalala Marie Lydia ou Rabenirina Jean-Jacques. Des noms bien connus de la scène politique malgache font également leur apparition comme les anciens compagnons de route de Marc Ravalomanana, Andriamiseza Charles ou Rafatrolaza Bary Emmanuel. On peut constater que ce troisième gouvernement du quinquennat de Hery Rajaonarimampianina reflète la volonté du Premier ministre de dégager une équipe prête au "combat" face aux difficultés, ô combien multiples, que doit surmonter le pays. Bref, c'est un gouvernement serré autour des fidèles du président de la République au vu des ministères régaliens et stratégiques dévolus à ces derniers. Il a voulu s'entourer de fidèles pour dynamiser son mandat englué dans l'immobilisme car il abat là l'une de ses dernières cartes (3 Premier ministres en 2 ans et demi de mandat). Mais d'aucuns voient dans la démarche, notamment dans la nomination de Olivier Mahafaly, une pure préparation de 2018 (année de la prochaine présidentielle). Le temps nous dira si c'est ce nouveau gouvernement saura se rendre efficace au profit d'un développement inclusif pour l'intérêt des 22 millions de Malgaches. Difficile à croire au vu de ce que ce pouvoir a montré jusqu'ici mais le Premier ministre l'a martelé lors de la passation du pouvoir au Palais de Mahazoarivo mercredi dernier. Espérons que les paroles se joindront aux actes.

Voici donc les noms des 32 membres du gouvernement Mahafaly nommés ce 15 avril 2016 par décret présidentiel:

1°- Ministre auprès de la Présidence chargé des Projets présidentiels, de l'Aménagement du Territoire et de l'Equipement: RAFIDIMANANA Narson

2°- Ministre auprès de la Présidence chargé de l'Agriculture et de l'Elevage: RAKOTOVAO Rivo

3°- Ministre auprès de la Présidence chargé des Mines et du Pétrole: ZAFILAHY Ying Vah

4°- Ministre de la Défense Nationale: Général de Corps d'Armée RASOLOFONIRINA Béni Xavier

5°- Ministre des Affaires étrangères: ATALLAH Béatrice Jeannine

6°- Garde des Sceaux, Ministre de la Justice: ANDRIAMISEZA Charles

7°- Ministre des Finances et du Budget: RAKOTOARIMANANA François Marie Maurice Gervais

8°- Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation: MAHAFALY Solonandrasana Olivier

9°- Ministre de la Sécurité publique: ANANDRA Norbert

10°- Ministre de l'Economie et du Plan: Général de Corps d'Armée RAVELOHARISON Herilanto

11°- Ministre de la Santé Publique: ANDRIAMANARIVO Mamy Lalatiana

12°- Ministre de l'Education Nationale: RABARY Andrianiaina Paul

13°- Ministre de l'Industrie et du Développement du Secteur Privé: NOURDINE Chabani

14°- Ministre du Commerce et de la Consommation: TAZAFY Armand

15°- Ministre des Travaux publics: RAZAFIMANDIMBY Eric

16°- Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'Administration: MAHARANTE Jean de Dieu

17°- Ministre du Tourisme: RATSIRAKA Iarovana Roland

18°- Ministre des Transports et de la Météorologie: RAMANANTSOA Ramarcel Benjamina

19°- Ministre de l'Energie et des Hydrocarbures: RAMANANTSOA Rodolphe

20°- Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique: RASOAZANANERA Marie Monique

21°- Ministre de l'Emploi, de l'Enseignement Technique et de la Formation professionnelle: TOTO RAHARIMALALA Marie Lydia

22°- Ministre de l'Environnement, de l'Ecologie et des Forêts: NDAHIMANANJARA Bénédicte Johanita

23°- Ministre des Ressources Halieutiques et de la Pêche: GILBERT François

24°- Ministre de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène: RAVATOMANGA Roland

25°- Ministre de la Culture, de la Promotion de l'Artisanat et de la Sauvegarde du Patrimoine: RABENIRINA Jean-Jacques

26°- Ministre des Postes, des Télécommunications et du Développement Numérique: RAKOTOMAMONJY André Neypatraiky

27°- Ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions: ANDRIANJATO Razafindambo Vonison

28°- Ministre de la Jeunesse et des Sports: ANDRIAMOSARISOA Jean Anicet

29°- Ministre de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme: REALY Onitiana Voahariniaina

30°- Vice-Ministre auprès du Ministère des Affaires Etrangères chargé de la Coopération et du Développement: RAFATROLAZA Bary Emmanuel

31°-Secrétaire d'Etat auprès de la Défense Nationale chargé de la Gendarmerie Nationale: Général de Corps d'Armée PAZA Didier Gérard

32°-Secrétaire d'Etat auprès du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche chargé de la Mer: RANDRIANARISOA Léonide Ylénia

EDDY RABE

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Publié le par Eddy Rabe
08 avril 2016: le Premier ministre Jean Ravelonarivo (oui, le titre est toujours de rigueur) dément avoir signé et remis une lettre de démission aussitôt le décret de sa démission publié par la Présidence de la République.

08 avril 2016: le Premier ministre Jean Ravelonarivo (oui, le titre est toujours de rigueur) dément avoir signé et remis une lettre de démission aussitôt le décret de sa démission publié par la Présidence de la République.

Scène surréaliste au sommet de l'Etat! Alors qu'en début d'après-midi, la Présidence de la République de Madagascar, par la voix de son Secrétaire général, annonce la démission du gouvernement Ravelonarivo et l'acceptation de celle-ci par le président de la République à travers la publication d'un décret, le Premier ministre Jean Ravelonarivo (il convient toujours de l'appeler ainsi) a, dans la foulée, convoqué une conférence de presse pour un démenti catégorique. Pour lui, son entretien avec le Chef de l'Etat au Palais d'Etat d'Iavoloha relevait d'ordre professionnel et ce n'est qu'à la fin que ce dernier lui a demandé de présenter sa démission. Une demande qu'il a déclinée car il voulait d'abord prendre le temps de la réflexion et se référer à sa famille. Pour lui, il n'a ni signé, ni remis aucune lettre de démission. Le scénario prête à sourire et à une semaine auparavant, jour pour jour, on se serait cru en pleine farce de poisson d'avril. Sauf que l'imbroglio qui restera sans doute dans les annales de l'extravagante histoire politique de Madagascar est bel et bien réel et n'a rien d'une plaisanterie. Il révèle au grand jour les dissensions en coulisses qui subsistaient depuis des mois entre les deux hommes forts de l'Exécutif. Mais au-delà de ces affrontements publics, le pouvoir en place s'est, une fois de plus, démarqué pour son amateurisme et la présentation des faits a fait grincer des dents. Comment les conseillers de Hery Rajaonarimampianina ont-ils pu imaginer un tel scénario fondé sur l'usage de faux et usurpation de signature pour évincer le Premier ministre? Promulguer un décret dans de telles circonstances basées sur un mensonge flagrant relève d'une faute politique lourde et grave et inimaginable dans un pays démocratique. Si l'on se réfère aux dires du chef de gouvernement, son intérêt ne réside en aucun cas pas dans la fomentation d'une telle crise ouverte; lui qui s'appuyait sur ses fermes convictions de ne pas vouloir démissionner de son poste sans le recours de la Constitution. Les yeux des observateurs seront plus braqués vers Iavoloha. D'autant que la Présidence a aussitôt fait divulguer le décret mais n'a pas daigné rendre publique la lettre de démission.

Crise

Au lendemain de cette journée surréaliste, ce sont, une fois de plus, des millions de Malgaches qui vont se retrouver otages d'une nouvelle crise institutionnelle à venir. Qu'on le veuille ou pas, cette crise sera présente. Les adversaires de Hery Rajaonarimampianina vont s'engouffrer dans la brèche de ce mensonge d'Etat et du délit d'usage de faux pour le déstabiliser. Et même si Jean Ravelonarivo entend lui remettre sa vraie lettre de démission "à un moment opportun et pour l'intérêt supérieur de la Nation", selon ses propres affirmations, le président de la République ne peut échapper à la fragilisation de sa position au sein de l'Assemblée Nationale renforçant celle des partisans de l'article 54 de la Constitution rendant la nomination du nouveau Premier ministre comme un vrai casse-tête. Dans ce cas justement, la question est de savoir à quel moment le général Jean Ravelonarivo entend-il remettre cette fameuse vraie lettre de démission? Car en grand seigneur et grand gagnant dans l'histoire, Jean Ravelonarivo veut sortir par la grande porte, tête droite et bien droit dans ses galons, en mettant en avant l'intérêt supérieur de la nation dans la décision de sa future démission. Il dégage ainsi l'image d'une personnalité qui a fait taire son ego pour le bien du pays, alors qu'il était déjà bien isolé avant cet épisode rocambolesque. C'est de bonne guerre et on ne va pas le lui retirer la légitimité et ce, à quoi, devront s'attendre Hery Rajaonarimampianina et consorts. Jean Ravelonarivo va, certes, se retirer mais il ne va pas leur faire de cadeau; son démenti figure déjà comme les prémices de sa détermination à affronter le "boss". Son insoumission affichée depuis des mois sur sa démission aurait déjà dû alerter l'entourage du président de la République. Mais la faiblesse de vision politique de son état-major le mène une fois encore dans ce tâtonnement qu'on lui reconnaît depuis qu'il est aux commandes de la destinée du pays. Madagascar va encore plus se distinguer aux yeux du monde entier pour ses ridicules anecdotes politiques que pour sa propension à se développer. Le spectacle offert hier 08 avril par la plus haute institution du pays na va pas déroger à la règle et alimentera bien les chroniques insolites des médias et réseaux sociaux comme ça avait été déjà le cas lors du discours d'investiture plagié d'un certain... Hery Rajaonarimampianina. Si le pouvoir se débrouille toujours ainsi chaque année à couvrir Madagascar de ridicule, qu'elle semble encore bien loin 2018. Pour ne pas s'exprimer vulgairement...

EDDY RABE

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Publié le par Eddy Rabe
Jean Ravelonarivo, bientôt 57 ans, aura donc tenu un peu plus d'un an à la tête d'un gouvernement de cette IVème République. C'est le second Premier ministre usé par Hery Rajaonarimampianina après moins de 03 ans de pouvoir. Il a succédé à Kolo Roger le 17 janvier 2015 avant cette démission du 08 avril 2016.

Jean Ravelonarivo, bientôt 57 ans, aura donc tenu un peu plus d'un an à la tête d'un gouvernement de cette IVème République. C'est le second Premier ministre usé par Hery Rajaonarimampianina après moins de 03 ans de pouvoir. Il a succédé à Kolo Roger le 17 janvier 2015 avant cette démission du 08 avril 2016.

L'information courait déjà depuis des mois les arcanes de la classe politique malgache; elle a fini par tomber ce 08 avril 2016. Le gouvernement Ravelonarivo a remis sa démission au président de la République. Annoncée par la Présidence de la République elle-même, cette démission n'est pas pour autant une surprise en soi. Le Chef de l'Etat a laissé entendre depuis le début de l'année de sa volonté de donner un nouveau souffle à son quinquennat en remaniant, dans un premier temps, le gouvernement, puis, le temps durant, en voulant carrément le changer. En effet, pour les observateurs politiques, le torchon a brûlé depuis belle lurette entre les deux hommes forts de l'Exécutif. Les sourires de façade et les discours d'usage de politesse et de courtoisie n'arrivaient plus à cacher les dissensions persistantes entre la Présidence et la Primature. Le président de la République estime que, malgré les bons chiffres annoncés par le gouvernement sur ses actions (RRI 2: initiative pour des résultats rapides après les 2èmes 100 jours d'exercice), les résultats ne sont pas assez inclusifs pour apaiser la grogne de la population. Il est vrai que la réalité des faits sur les presque 03 années de mandat de Hery Rajaonarimampianina n'aspire pas à un grand optimisme sur l'avenir du pays et qu'elle reste bien éloignée du chemin du développement promis lors de la campagne électorale. Le général Jean Ravelonarivo, pour sa part, pense avoir accompli sa mission selon les moyens dont il disposait et que son éviction relève d'une pure injustice. Il faut reconnaître que le désormais ex-Premier ministre manifestait de bonne volonté et d'enthousiasme dans le dur accomplisssemnt de sa fonction mais il a été vite rattrapé par la réalité politique malgache. Quel chef de gouvernement arrivera-t-il, en effet, à durer face à une Assemblée Nationale marquée par des courants politiques à géométrie variable, au sein de laquelle le pouvoir en place ne dispose d'aucune majorité stricte ni même d'élus? Que peut bien faire un Premier ministre dans un pouvoir sans cap qui navigue à vue pour pouvoir espérer un développement inclusif? Pas grand-chose si ce n'est d'accepter son rôle de fusible au moment venu. Ce moment, le général Jean Ravelonarivo ne l'a pas accepté et crie à l'injustice en aparté. Lui qui s'est aussi encombré d'un ministre d'Etat au sein de son équipe, avec des moyens bien plus importants que ceux dont il dispose et de ministres très - trop - proches de Iavoloha. Cette injustice, il l'a manifestée par sa détermination de ne pas céder aux injonctions tacites du président de la République pour présenter sa démission. Les dispositions constitutionnelles confortent en effet le Premier ministre à son poste empêchant le président de la République de le remplacer sans démission du gouvernement ou constatation de faute lourde de la part du chef du gouvernement.

Bras de fer

Le bras de fer a ainsi été engagé entre les deux hommes d'autant que, sur l'autre disposition constitutionnelle pour destituer le gouvernement, à savoir, la motion de censure par la Chambre Basse, le général semblait tranquille. L'Assemblée Nationale n'inspire pas confiance à la Présidence même si l'opération devrait s'accompagner d'un grand coup de distribution de mallettes de grosses coupures. Et bien qu'isolé ces derniers temps, Jean Ravelonarivo persiste et signe: "Je ne démissionnerai pas. C'est la Constitution qui m'a mis en place, c'est elle qui m'y délogera" a-t-il encore martelé sur le perron du Palais de Mahazoarivo mercredi dernier. Plus tôt dans la semaine, Hery Rajaonarimampianina a cité des versets bibliques pour indiquer que le changement de gouvernement se fera avec surprise au moment voulu. C'est chose faite désormais aujourd'hui depuis la publication du communiqué de la Présidence de la République annonçant la démission du gouvernement. Le général Jean Ravelonarivo a donc fini par céder. Comment? Selon des indiscrétions, des tractations à coups de milliards d'Ariary et des promesses de nominations pour une "mise en veille" dorée du style "ambassadeur" ont fini par avoir eu raison de la résistance du général. Il se murmure également que les ministres influents proches du Chef de l'Etat ont émis leur souhait de présenter leurs démissions collectives affaiblissant et isolant encore plus le Premier ministre. Quoi qu'il en soit, Hery Rajaonarimampianina se voit peut-être soulagé en ayant eu la peau de son Premier ministre qui lui a tenu tête et lui a donné plus d'un tournis depuis le début de leur mésentente. Sauf que vient à présent le choix du remplaçant de Jean Ravelonarivo. Un choix qui s'annonce d'ores et déjà difficile au vu du dilemme persistant posé par l'article 54 de la Constitution et de l'instabilité manifeste de l'Assemblée Nationale dans la nomination du Premier ministre. Et ça, c'est une toute autre histoire qui attend dans les jours qui viennent Hery Rajaonarimampianina. En attendant, le gouvernement démissionnaire va continuer d'assurer les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement.

EDDY RABE

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