Il y a 38 ans disparut Robert Nesta Marley plus connu sous le nom de Bob Marley. Précurseur du rythme reggae de sa Jamaïque natale, il symbolisa la liberté des peuples opprimés de l'époque, notamment africains, et l'émergence du mouvement et de la communauté rastafari. Bob Marley combattit toutes formes de violences qui déchirèrent à l'époque son pays et le monde entier pour des raisons politiques et de divergences idéologiques. Son reggae résonna comme une bombe et les textes sifflèrent comme des balles dans ce combat qu'il mena comme un acharné. A travers ses mots, il cria fort les injustices, les inégalités, les indifférences ou encore les souffrances qui écrasèrent les plus faibles de tous bords, de toutes tendances. Il fit trembler les oppresseurs par sa capacité à imaginer un idéal d'un monde qui se consume à cause de la turpitude et de la cruauté des hommes qui le dirigent. Il en fut considéré comme un visionnaire grâce, entre autres, à son admiration pour Marcus Garvey (grand militant jamaïcain pour l'émancipation des Noirs) et sa fascination pour Haïlé Sélassié Ier (empereur éthiopien considéré par les Rastas comme un Prophète). Aujourd'hui encore, hélas, les paroles des chansons de Bob Marley bouleversent et nous ramènent, 38 ans plus tard, à des faits concrets sur les réalités qu'il voulut nous mettre en garde. Telle une prophétie!

Au-delà de son engagement, Bob Marley fut avant tout un artiste. Un grand, un précurseur. La sonorité de sa musique inspirée du ska fit découvrir au monde quelque chose de révolutionnaire musicalement parlant. Le reggae conquiert le monde et le monde découvre le reggae. A la base chanté par des artistes engagés et accouplé souvent à des paroles marquées par de vives revendications, le reggae s'est peu à peu adapté à toutes sortes d'art lyrique. Mais la force et la magie opérée par Bob Marley dans ses chansons, c'est la manière de les composer pour les rendre intemporelles au-delà des textes qui les habillent avec "classe". La nouvelle génération connaît Bob Marley, danse, fredonne les chansons de Bob Marley, comprend le langage et les aspirations politiques de Bob Marley. Si au fil du temps, le reggae s'est un peu dilué, ses variantes comme le ragga ou le dancehall ont toujours pris les devants sur les tendances musicales mondiales et les chanteurs ou musiciens jamaïcains connaissent toujours une notoriété sans conteste. La Jamaïque a trouvé en Bob Marley et en sa musique un ambassadeur inespéré et a érigé le reggae en patrimoine national. Grâce à ce métis, né de père officier britannique (Norval Marley) et de mère jamaïcaine (Cedella Booker), cette petite île des Caraïbes, 50 fois plus petite que Madagascar a su construire sa renommée et attirer vers elle toute l'attention du monde. C'est la puissance de la musique mais c'est en partie aussi la victoire d'un homme à travers ses combats et ses paroles comme armes. Le cancer l'emporta malheureusement ce 11 mai 1981 à Miami, en Floride, aux Etats-Unis.

"Get up, stand up, don't give up the fight"*

*: "Relève-toi, n'abandonne pas le combat" de la chanson "Get up, stand up".

Eddy Rabe

Nous célébrons ce jour la journée mondiale de la liberté de la presse. Comme à chaque année, à la même période, Reporters sans frontières (RSF) publie le classement des pays les plus respectueux de la liberté de la presse. Pour ce "cru" 2019, Madagascar reste stable dans le classement mondial et s'accroche, comme l'année dernière, au 54ème rang. Par rapport à 2017 (57 ème), il a donc gagné 3 places mais n'a pas beaucoup progressé depuis 2 ans. Beaucoup d'efforts restent encore à faire puisque sur le continent, Madagascar (8ème) ne figure même pas dans le top 5. Le Sénégal (49ème sur le rang mondial et 7ème en Afrique) a par exemple devancé Madagascar; il y a 2 ans, le pays de Macky Sall était derrière la Grande Ile en pointant à la 58ème place. Gageons que le nouveau pouvoir de Andry Rajoelina puisse s'inspirer du Sénégal; le président Rajoelina qui se sublime tant à citer en modèle son compère sénégalais. 

La Namibie (23ème) occupe la première place des pays africains en délogeant le Ghana (27ème) par rapport à l'année dernière. A noter que sur les 10 premiers pays africains, on retrouve 5 pays anglophones: Namibie, Ghana, Afrique du Sud (31ème), Botswana (44ème) et Maurice (58ème); 4 pays francophones dont Burkina Faso (36ème), Sénégal, Madagascar et Comores (56ème) et 1 pays lusophone, le Cap Vert (25ème).  

La France, quant à elle, se retrouve à la 32ème place. C'est un rang peu flatteur pour le pays de la déclaration universelle des droits de l'Homme sur laquelle la liberté d'expression doit se reposer, mais, celui-ci a relativement progressé par rapport aux dernières années (33ème rang en 2018 et 39ème en 2017). Cependant, le pays de Marianne reste loin, très loin des pays scandinaves tels la Norvège (1er), la Finlande (2ème), la Suède (3ème) ou encore les Pays-Bas (4ème) ou l'Allemagne (13ème). On note toutefois une petite consolation pour l'Hexagone, si l'on peut se permettre, elle devance le Royaume-Uni (33ème) et les Etats-Unis (48ème). RSF a établi ce classement sur 180 pays à travers le monde.

Source: RSF (https://rsf.org/fr/ranking/2019)

Eddy Rabe